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Comment enregistrer une société au Sénégal ?

5 novembre 2025 par
Comment enregistrer une société au Sénégal ?
Droit Au Sénégal
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🔸 Introduction :

Créer une société au Sénégal n’est plus un parcours du combattant, mais un processus juridique exigeant rigueur et conformité. Beaucoup d’entrepreneurs ont une idée, un projet solide, mais se heurtent à une question essentielle : comment formaliser cette activité pour en faire une entreprise légale ?

Le droit sénégalais, à travers l’Acte uniforme de l’OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique, le Code général des impôts et les textes nationaux encadrant le Registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM), définit les étapes claires pour donner à une entreprise sa personnalité juridique.

Mais au-delà des formalités, enregistrer une société, c’est entrer dans le monde de la légalité, de la crédibilité et de la responsabilité. 

Découvrons ensemble, pas à pas, ce que dit le droit sénégalais sur ce parcours structurant pour tout entrepreneur.


1️⃣ De l’idée au dossier : quand le projet devient entreprise

Avant toute formalité administrative, le futur entrepreneur doit transformer son idée en un projet structuré. Cela passe par des décisions fondamentales :

  • Quelle forme juridique choisir ? (Entreprise individuelle, SARL, SA, SNC, etc.)

  • Quel sera l’objet social ? (La nature exacte de l’activité exercée.)

  • Quel est le capital social de départ ?

  • Où sera établi le siège de l’entreprise ?

Selon l’article 6 de l’Acte uniforme OHADA sur le droit des sociétés commerciales, toute société se forme par un contrat entre deux ou plusieurs personnes qui conviennent d’affecter à une activité commune des biens ou leur industrie dans le but de partager les bénéfices.

Au Sénégal, les formes les plus courantes sont :

  • la SARL (Société à responsabilité limitée), adaptée aux PME ;

  • la SA (Société anonyme), pour les grandes entreprises ;

  • l’entreprise individuelle, pour les petites activités personnelles.

Une fois la forme juridique définie, le porteur de projet doit constituer un dossier complet pour l’immatriculation. Ce dossier comprend notamment :

  • les statuts signés ;

  • la copie légalisée de la pièce d’identité du ou des associés ;

  • le certificat de résidence du gérant ;

  • l’attestation de dépôt du capital ;

  • le bail ou contrat de location du siège social.

🔸 Mais attention : déposer un dossier ne suffit pas. Encore faut-il savoir où et comment le faire.


2️⃣ Les portes de la légalité : où et comment déposer son dossier ?

Le Centre de Formalités des Entreprises (CFE), sous la supervision de l’APIX (Agence nationale chargée de la promotion de l’investissement et des grands travaux), est la porte d’entrée unique pour enregistrer une société au Sénégal.

Ce guichet unique permet d’effectuer en un seul lieu toutes les démarches administratives :

  • l’inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) ;

  • l’attribution du NINEA (Numéro d’Identification Nationale des Entreprises et Associations) ;

  • la déclaration d’existence à la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID) ;

  • l’affiliation à la Caisse de Sécurité Sociale (CSS) et à l’IPRES.

Ces procédures sont centralisées pour réduire les délais et les coûts.

En pratique, un entrepreneur peut désormais immatriculer sa société en moins de 72 heures.

🔸 Le CFE délivre un récépissé d’immatriculation comportant le numéro RCCM et le NINEA, qui confèrent à la société son existence légale.

À partir de ce moment, la société devient une personne morale au sens de l’article 98 de l’Acte uniforme OHADA : elle peut conclure des contrats, embaucher, posséder des biens et agir en justice.

🔸 Mais qu’implique cette reconnaissance juridique ? Entrons dans les coulisses de la vie légale d’une société.


3️⃣ Quand la société prend vie : obligations et responsabilités

Une fois immatriculée, la société est juridiquement née. Mais cette naissance s’accompagne d’obligations légales importantes.

D’abord, la société doit tenir une comptabilité régulière (articles 8 à 13 de l’Acte uniforme OHADA sur le droit comptable). Elle doit enregistrer chaque mouvement financier, conserver ses pièces justificatives et produire des états financiers annuels.

Ensuite, elle doit s’acquitter de ses obligations fiscales :

  • déclaration de début d’activité auprès de la DGID ;

  • paiement de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt sur le revenu ;

  • versement de la TVA le cas échéant.

En matière sociale, la société doit inscrire ses salariés à l’IPRES et à la CSS, garantir des conditions de travail conformes au Code du travail sénégalais (loi n°97-17 du 1er décembre 1997) et déclarer mensuellement les salaires versés.

Ces obligations ne sont pas de simples formalités : elles assurent la transparence, la traçabilité et la crédibilité de l’entreprise.

Ne pas s’y conformer expose à des sanctions financières et à la radiation du RCCM.

🔸 Une fois ces règles comprises, reste une question cruciale : pourquoi tout ce formalisme est-il indispensable ?


4️⃣ Derrière les papiers : pourquoi la formalisation change tout

Enregistrer une société, ce n’est pas simplement “se mettre en règle” : c’est accéder à un monde de droits et d’opportunités.

D’un point de vue économique, la formalisation ouvre la porte à :

  • la participation aux marchés publics ;

  • l’accès aux financements bancaires et aux subventions ;

  • la sécurité juridique des contrats conclus avec les partenaires.

Sur le plan juridique, l’immatriculation crée une distinction entre le patrimoine de l’entreprise et celui du fondateur. Cela protège les biens personnels de l’entrepreneur en cas de dettes ou de faillite.

Enfin, la formalisation est une étape citoyenne : elle permet à l’État de mieux réguler les activités économiques, de protéger les travailleurs, et de favoriser la concurrence loyale.

Ainsi, le droit des affaires sénégalais, hérité de l’OHADA, n’est pas un frein à l’entrepreneuriat, mais une garantie de sécurité et de stabilité.

🔸 Créer sa société, c’est donc entrer dans le cercle de la légitimité et de la confiance.


🔸 Conclusion

Enregistrer une société au Sénégal est une démarche structurée, encadrée et simplifiée par la loi. Le Centre de Formalités des Entreprises, l’APIX et le RCCM ont permis de moderniser le système et de rendre la création d’entreprise plus rapide et plus sûre.

Mais derrière la simplicité administrative, il y a une exigence : celle de comprendre le sens du cadre juridique.

Le CDI, le statut du salarié, le droit du travail, la fiscalité, tout cela repose sur un socle commun : la légalité.

Créer une entreprise formellement enregistrée, c’est poser la première pierre d’une activité durable, reconnue et crédible pour soi, pour ses partenaires et pour le Sénégal tout entier.


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